En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

mardi 18 mars 2014

GRATITUDE POUR UN CADEAU DU CIEL




J'ai reçu d’une amie l’information suivante, sous l’intitulé : « J’ai pensé à toi… » :

...en écoutant l'émission de Marc Alain Ouaknine, "Talmudiques" sur France Culture. Dimanche 9 et 16 mars, il recevait un rabbin libéral Yann Boissière à propos de Pourim. Ces émissions sont toujours très intéressantes et ouvrent sur des lectures des textes et des fêtes vivantes, modernes et susceptibles d'avoir quelque chose à nous dire, avec ce qu'il appelle "des éclatements de sens" C'est très jubilatoire.
Dans celle de dimanche 9 mars, il a été évoqué le fait, que dans la méguila d'Esther apparaît pour la première fois le terme "yehudi" (en même temps que celui de dieu disparaît).
Marc Alain Ouaknine précise qu'être yehudi, être juif, n'est pas un lignage, ni une biologisation d'une identité mais une manière d'être au monde. C'est le refus de l'idolâtrie.
Il cite Rachi: "est juif toute personne qui a de la gratitude"
Yehudi vient du verbe leodot, remercier, reconnaître, avoir de la gratitude. Comment ne pas penser à ton blog!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 

Eh ben, ça alors, lui ai-je répondu, je fais donc du judaïsme comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir ?  Mazette ! Et vous autres, gentils lecteurs, vous en dites quoi de cette conversion à la Mormon* ? 

Ce message touchant m'est parvenu au moment même où je m’apprêtais à exprimer une véritable gratitude pour la nature généreuse qui nous fait des cadeaux simples là où on ne les attend pas – mais seulement si l’on sait regarder et ce, au bon moment.

En effet, quel rapport peut-on établir sinon entre cette espèce de mauvaise herbe collante et piquante, nommée « asparagus », parfois utilisée par les fleuristes, et cette délicieuse plante vert tendre (et tendre sous la dent) que l’on appelle « asperge sauvage » ?

asparagus

Il y a en a un : c’est la même herbe, l’une très vieille et l’autre toute jeune. Eh ouais. 
  
Bien sûr tous les promeneurs de la région qui ont l’œil aux aguets la connaissent et la ramassent dans les sous-bois, pour ensuite la cuisiner, généralement en omelette. On en trouve même sur le marché, en botte pas très fraîche.
Pas comme celle-ci :


Le plaisir est immense de la rechercher, une par une, sous les pins. On a l’impression de recevoir un cadeau du ciel que ce serait péché que de ne pas accueillir, ni de ne pas cueillir, quand elle est là, si modeste et éphémère.
Le goût puissant de cette asperge-là est incomparable. Rien d’en casser la tige, on en sent l’odeur prégnante s’attacher aux doigts, tel un parfum rare.


Pour moi, elle a un goût de sous-bois et d’enfance. En effet, j’ai eu la chance d’être initiée à ce plaisir simple dès mes 4 ans. La reconnaître, braver le sous-bois, la couper, la garder en main, ce sont-là des apprentissages exceptionnels, dont on conserve toute une vie la précieuse image. Dans cette même pinède, l’asperge sauvage faisait fuir la peur du loup. Petit chaperon rouge, j’en rapportais des bouquets à la maison dans un panier de bois tressé.
Belle récolte de souvenirs…



Et puis, trouver l’asperge sauvage, c’est signe que la saison tourne. Cette année, elle est précoce, la coquine. J’ai eu de la chance, personne n’était passé avant moi !



Mais, c’est comme pour les champignons ou les girelles*. Quand on a trouvé un bon coin, on ne le donne à personne. Il faudra cette fois vous contenter de son image, que je partage sans hésitation, en attendant que la vraie, la grosse, la blanche, la favorite des Allemands, arrive sur les marchés en provenance de Cavaillon. Ça, c’est du lourd, du gras, du beau… mais hélas, pas du gratuit !

(pas gratuit non plus, ce tableau d'Édouard Monet)

Oui, vous avez bien lu, j’ai écrit "Allemands" car, ainsi que vous le découvrirez dans cet article, ce sont eux qui en sont le plus friands : ils en mangent plus d’un kilo par tête entre avril et juin, contre 500g pour les Français sur toute une année ! La preuve ici

D’autres détails gastronomiques ici.
Mais, chez nous, voilà le résultat simplissime de la cueillette. 


Non, les poules c'est pas mon rayon, même si les oeufs utilisés m'ont été vendus sur le marché par une petite mémé qui, j'en suis sûre, les nourrit elle même en criant "Petits, petits, petits !" comme il y a cent ans. 






On a le droit de rêver ? 



(NB : la girelle, c'est un poisson, pas un champignon)
* Les Mormons, dit-on, convertissent tout le monde, y compris les morts qu'ils recensent dans leur base généalogique, la plus importante du monde. Ce n'est peut-être que de la médisance, mais je n'ai pas résisté à l'image.  

1 commentaire:

  1. Ah j'adore .. Figure toi Cathie que moi aussi pas plus tard que la semaine dernière j'ai fait une succulente omelette aux asperges sauvages .. Mon petit frère m'en a rapporté une grosse quantité ! Vive le Baou de Saint Jeannet, excellent producteur d'asperges sauvages.. Mais il faut connaître aussi un peu les coins... Et merci encore une fois pour ce texte formidable comme d'habitude et fort illustré ! Bises - Georgette

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