En vol

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Image de la superbe chaise de l'artiste SAB

dimanche 21 février 2016

STÉPHANIE BOSQ : UNE ÉTINCELLE À SUIVRE.



C’est vraiment par hasard que j’ai découvert le travail et le talent de la comédienne Stéphanie Bosq. Ou plutôt par un de ces croisements qui met sur votre chemin une personne sur laquelle vous avez envie d’en savoir davantage, parce que vous devinez que derrière une allure timide couve la flamme d’une passion artistique.


(Elle a bien raison de pointer du doigt ces lions victorieux)

Elle est petite, menue, discrète. Curieuse aussi.
Elle pose des questions avant de répondre aux vôtres.
Elle a envie de savoir, d’apprendre.
Mais cela je ne l’ai su qu’après l’avoir vue seule en scène – chez Pauline – admirée, et ensuite questionnée.

En scène ? Le terme est presque un gros mot, pour une comédienne qui sait travailler en solo, dans un espace à peine plus grand que mon garage ! À la différence de mon garage, l’endroit est peuplé de spectateurs occupés à se restaurer. Vous l’aurez compris, cela ressemble à un café-théâtre, et le spectacle qui y était proposé s’appelait :
« Les psychopathes professionnelles » 
Rien que ça.



En quatre scènes étonnantes de vérité et de rigueur théâtrale, Stéphanie Bosq met en scène quatre femmes : une croqueuse d’hommes, une concierge, une coincée qui manque de confiance en elle et une cinglée autoritaire qui, contrairement aux trois autres, ne fait pas rire du tout. Chacune vit dès la seconde où la comédienne arrive devant le public, qu’elle touche presque. Les accessoires et le décor sont forcément réduits à leur plus simple expression. Une chaise, un téléphone, un balai. Le reste, les émotions, le contexte, c’est Stéphanie Bosq qui les crée pour nous, avec une puissance évocatrice surprenante, surtout venant d’un petit bout de bonne femme comme elle !



Entre deux scènes, le temps qu’elle change de costume et de maquillage, le public reprend le cours normal de ses consommations, bavarde un peu, reprend son souffle. Et la revoilà, et le silence se fait, car on est vite aspiré par sa nouvelle création.

Ma préférée : Une Mme Pipelette (mon invention ?) qui sait tout sur tout le monde et son chien. Sa dent pourrie et son sourire tordu sont un défi à l’esthétique, mais quelle efficacité !

Il faut dire que le texte est porteur. J’en dis deux mots : écrit en collaboration avec la Niçoise Laurence Dionigi, il s’appuie sur l’expérience personnelle de ces femmes qui vivent dans l’entreprise et en subissent les contraintes, quand elles ne les appliquent pas à leurs subalternes. Abus de pouvoir, séduction et rejet, indifférence à l’autre… ces travers sont caricaturés avec talent, car sans outrance. Cette écriture a impliqué des échanges riches et nuancés, et plusieurs versions pour en arriver au texte définitif, et à la 1ère représentation, qui a eu lieu en mai 2015. La dernière, à laquelle j’ai assisté, a manifestement ravi le public présent.
  
J’ai donc eu envie de lui poser quelques questions concernant son parcours, et voici ce qu’elle m’a gentiment confié, au-dessus d’une délicieuse tasse de chocolat chaud. Je le rapporte de mon mieux.

Son cursus ?

– Bien entendu, j’exerce une autre profession en parallèle. Même si je suis depuis peu auto-entrepreneur « artistique-dramatique », je continue d’exercer mon métier de gestionnaire de patrimoine. La passion du théâtre m’est venue lorsque j’ai commencé à prendre des cours, en 2007, pour tenter de vaincre ma timidité naturelle. Appartenir à un groupe convivial a été très utile. Puis, je me suis lancée le défi d’être seule en scène, ce que je fais depuis mai 2015. Depuis 2010, je joue régulièrement dans des comédies, pièces classiques et contemporaines. Les cours et les expériences cumulées m’ont permis d’acquérir la maturité essentielle à ce métier. Au départ, j’ai surtout joué des rôles de comique, mais c’est en train d’évoluer, comme on a pu le constater avec mon travail sur la 4ème « psychopathe professionnelle » du spectacle.  Ce personnage dramatique a été créé pour rappeler au public que c’est là un sujet actuel et douloureux, qui peut avoir des conséquences graves. Ce spectacle "Seule en Scène" a été joué une dizaine de fois, la dernière,* Chez Pauline - Café Culturel, dans un tout petit endroit. Cela a été un vrai défi, en raison de l’absence de tout élément de décor dans ce lieu, mais la proximité du public a été un élément très fort. Je les ai littéralement touchés, de très près. Pas de décor, peu d'accessoires, pas de lumière… il faut tout créer par son jeu. 

Ses projets ?

– À présent, je souhaite écrire mon propre spectacle, en assistant, en août prochain, à un stage d'écriture à Paris, dans le cadre de l'École du One Man Show. Mais avant je jouerai, les 20, 21 et 22 mai prochains, La Putain respectueuse, de Jean-Paul Sartre, au théâtre l'Alphabet, à Nice. Les thèmes évoqués, m’intéressent, et notamment celui du racisme, car il est toujours d'actualité. J’espère ensuite aborder la tragédie contemporaine… en 2017, un huis-clos, à partir d'un texte dont j'attends les droits. 

***

Une étincelle, ce n’est qu’une toute petite lumière dans un ciel déjà criblé d'étoiles. Mais celle-ci peut mettre le feu aux poudres, et je ne doute pas que Stéphanie Bosq nous contamine tous bientôt de sa passion de la scène, et suscite en nous le désir de la voir, et la revoir, ailleurs, bientôt, souvent. En tout cas, Gratitude la suivra !

Et vive le off-off-TNN !


***

Pour en savoir plus, lisez aussi le reportage du P’tit Écrivain à son sujet.


*NB : celle que j’ai vue.


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